Gagner sa vie en changeant le monde
Je rencontre Catherine Gingras le premier lundi de mars. Comme j’ai déjà reporté notre rendez-vous une fois à cause d’une tempête de neige la semaine précédente, je suis impatiente de la voir. À son arrivée, il ne fait aucun doute que son emploi du temps est chargé et que notre entretien ne représente qu’une fraction de tous ses projets intéressants. Avant de commencer à lui poser mes questions déjà préparées, je lui demande par pure curiosité comment elle et sa partenaire d’affaires Roxanne Vincent se sont rencontrées. Catherine me répond qu’elle et Roxanne étudient toutes les deux à l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa et qu’elles ont décidé de participer aux mêmes activités et projets. Je réalise vite à quel point elles se ressemblent, de sorte qu’elles sont parfaitement compatibles en amitié comme en affaires.
Les débuts
Les deux jeunes femmes, originaires du Québec, font manifestement preuve de motivation et de détermination puisqu’elles tentent de concrétiser leurs nouvelles idées tout en poursuivant leurs études universitaires. Quand je lui demande comment elle a eu vent de la série d’ateliers « Devenez un(e) agent(e) de changement », Catherine me répond que c’est en fait Roxanne qui lui en a parlé. En effet, après avoir vu une annonce envoyée aux étudiants dans leur boîte de courriel Gmail de l’Université, Roxanne s’est dit que ce programme du Carrefour de l’entrepreneuriat était parfait pour elle et son amie.
L’entrepreneuriat social : les affaires au service du bien collectif
Quand je lui demande ce qu’elle aime particulièrement de l’entrepreneuriat social, Catherine répond : la possibilité de changer le monde et d’opérer un changement immédiat. Elle parle aussi de la capacité de posséder une entreprise qui comporte une dimension sociale, ajoutant que ce type d’entreprise offre une occasion idéale de penser aux gens et à la planète, et pas seulement aux profits. Mais d’où vient cet intérêt pour l’innovation sociale? En fait, Catherine est curieuse de nature et s’est toujours intéressée aux enjeux de l’heure. D’ailleurs, c’est un article de la CBC sur le gaspillage alimentaire qui a éveillé son intérêt pour le sujet.
L’importance de l’innovation sociale
Je demande à Catherine quelle est l’importance de l’innovation sociale aujourd’hui, surtout dans le contexte des changements climatiques et d’autres problèmes actuels. Elle me répond avec empressement : de toute évidence, elle croit fermement au rôle important que joue l’innovation sociale. Selon elle, beaucoup d’entreprises peuvent changer considérablement la donne quand vient le temps de résoudre un problème. Et comme il existe une multitude de problèmes qui nécessitent des solutions, l’entrepreneuriat social constitue un moyen d’action idéal. Catherine mentionne Pela Case, une entreprise qui a créé des étuis à téléphone cellulaire compostables pour contrer la pollution par le plastique que génèrent ces accessoires. Voilà un exemple d’entreprise qui réalise des profits tout en faisant face à un problème particulièrement d’actualité.
Passer de la parole aux actes
Catherine me parle du projet qu’elle a entrepris avec Roxanne en vue de réduire le gaspillage alimentaire. Leur idée est d’acheter des aliments frais qui seraient autrement jetés et de les utiliser pour concocter de délicieuses saveurs de sorbet. Les deux jeunes femmes espèrent que non seulement cette entreprise leur sera profitable, mais qu’elle contribuera aussi à pallier le problème du gaspillage alimentaire, permettra à des fournisseurs et à des détaillants de vendre des aliments jugés inutilisables et, au bout du compte, proposera aux consommateurs des desserts produits de manière socialement responsable. C’est une idée novatrice et avantageuse pour toutes les parties — l’entreprise, les fournisseurs et les consommateurs. Mais quels sont les défis à relever? Catherine indique que le travail de recherche et développement n’est pas simple et qu’il est difficile de s’assurer qu’une entreprise répond totalement à un problème. Elle doit aussi garder l’espoir que le projet se concrétisera. Le monde de l’entrepreneuriat étant dur et imprévisible, je peux dire que Catherine et Roxanne ne manquent pas de détermination et d’audace.
Un petit conseil
Quel conseil Catherine donnerait-elle à quelqu’un qui veut s’inscrire à la série d’ateliers « Devenez un(e) agent(e) de changement » pour la première fois? C’est tout simple : « Foncez. » Selon elle, ces ateliers permettent aux participants d’apprendre des notions de base et d’acquérir de précieuses connaissances pour lancer une entreprise.
La série d’ateliers « Devenez un(e) agent(e) de changement » : une occasion en or
Catherine ajoute que la série d’ateliers l’a aidée à se familiariser en peu de temps avec les finances, le marketing et l’idéation, domaines qu’elle ne connaissait pratiquement pas au départ. Quand je lui demande si elle la recommanderait à d’autres personnes, elle me répond par un « oui » retentissant. En effet, même si les ateliers se déroulent sur une période à la fois brève et intense, ils sont très axés sur l’innovation et offrent aux participants l’occasion de mettre en application leurs nouvelles connaissances dans un projet d’entreprise à vocation sociale.
Les perspectives d’avenir
Catherine poursuivra-t-elle ce projet, peaufiné lors de la série d’ateliers? En fait, elle et Roxanne comptent déjà s’y investir à fond pendant l’été. Elles espèrent pouvoir communiquer avec des fournisseurs pour évaluer leurs besoins et savoir s’ils souhaiteraient s’impliquer. Avec un peu de chance, ajoute Catherine, le coût probablement moins élevé des aliments entraînera une réduction du coût du produit et d’autres coûts, comme le transport.
Mesurer les retombées
À ce sujet, Catherine souligne que les retombées de cette entreprise à vocation sociale se mesureront probablement en tonnes d’aliments qui n’auront pas été jetés. Elle et Roxanne voudraient suivre de près ces retombées et les montrer, sous forme de statistiques, sur les emballages de leurs desserts glacés. Par ailleurs, il leur serait possible d’utiliser ces données pour informer les fournisseurs des sommes économisées en vendant leurs aliments inutilisables au lieu de payer pour les envoyer au dépotoir.
À l’issue de mon entretien avec Catherine, je dois dire que cette idée d’entreprise a vraiment piqué ma curiosité. C’est formidable de constater qu’il y a des étudiantes et étudiants créatifs et novateurs comme elles qui ont le désir de changer le monde. Ceux qui me connaissent savent que j’ai un faible pour les sucreries, alors j’espère trouver les desserts glacés de Catherine et Roxanne sur les tablettes des épiceries dans un proche avenir!
* Cette vignette a été publiée dans le cadre de la série d’ateliers « Devenez un(e) agent(e) de changement », 2020.