Garage Propulsion 2020: MedBiome
À l’instar des maladies, la médecine moderne et la science médicale évoluent dans le but de combattre les nouvelles maladies et celles que l’on connaît depuis longtemps. Bill Cheliak, PDG de MedBiome, explique que « de 40 à 60 billions de microbes — appelés microbiomes — vivent dans notre intestin », ce qui représente environ de 1,5 à 2,5 kilos de microbiomes chez une personne moyenne. « Cette masse d’écosystèmes microbiens est importante pour notre santé globale, poursuit-il. Nous avons découvert une foule de connexions entre l’intestin et le cerveau. Un certain nombre d’états pathologiques, qu’ils soient mentaux, physiques ou neurologiques, sont en effet liés à nos microbiomes. »
L’entreprise pour laquelle travaille Bill Cheliak, MedBiome, cherche à « concevoir un système qui cultiverait avec grande précision le microbiome humain dans des conditions spécialisées afin de représenter ce qui se passe exactement dans l’intestin ». MedBiome utilise une technique appelée RapidAIM (AIM pour analyse de microbiomes individuels) afin de reproduire des environnements spéciaux et protégés en éprouvette pour analyser les microbiomes dans différentes conditions environnementales et ainsi mieux comprendre l’impact des conditions environnantes sur les microbiomes.
Premièrement la culture des microbiomes avec RapidAIM aide MedBiome à comprendre les voies métaboliques de l’organisme en observant la composition des séquences des microbiomes. Les chercheurs peuvent ainsi voir les différences entre les voies métaboliques de personnes atteintes et celles de personnes non atteintes de certaines maladies.
Deuxièmement, MedBiome est capable de comprendre non seulement comment les métabolites sont produits, mais aussi où ils vont par la suite. « Si un métabolite est associé à certaines maladies, nous pouvons le suivre pour comprendre son comportement particulier », explique M. Cheliak. Les chercheurs pourraient ainsi découvrir comment évoluent certains métabolites produits dans l’organisme après avoir suivi certaines voies.
Et troisièmement, RapidAIM permet aux chercheurs de mieux comprendre les effets de différents médicaments (par exemple les antibiotiques) sur les microbiomes. Les chercheurs comprennent mieux les interactions entre différents médicaments et microbiomes, et les influences qu’ils exercent les uns sur les autres. « Le microbiome peut modifier les effets d’un médicament servant à traiter une maladie », explique M. Cheliak. Autrement dit, différentes personnes peuvent réagir différemment à un même médicament, en fonction de leurs microbiomes.
MedBiome est né de l’intérêt de la recherche pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), un ensemble de maladies regroupant maintenant la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn. L’équipe, qui a entrepris un vaste essai clinique sur les MICI chez les enfants (jusqu’à 17 ans), a déterminé que les facteurs environnementaux jouaient probablement un rôle important dans le développement des MICI. « Les traitements actuels des MICI ne sont jamais curatifs, explique M. Cheliak; ils atténuent seulement les effets de la maladie. » Selon lui, il est important d’améliorer le traitement de ces maladies en trouvant des solutions à plus long terme et plus douces pour l’organisme que les traitements médicamenteux actuels. « Des enfants atteints de ces maladies développent des retards physiques et psychologiques; nous voulons leur offrir le meilleur avenir possible. »
« De façon plus générale, nous voulons montrer qu’il est possible, par des traitements, d’améliorer fondamentalement la santé et les effets de la maladie grâce au microbiome », affirme M. Cheliak. La médecine réagissait toujours de la même façon devant une maladie : « Entre 1930 et 1970, on croyait par exemple que les ulcères d’estomac étaient causés par un surcroît de stress ou un excès d’alcool. » Et le traitement d’un tel ulcère était alors entièrement chirurgical. Il a fallu attendre la fin des années 1970 pour que cette pratique soit remise en question et que de nouvelles études montrent que les ulcères étaient en fait provoqués par une infection bactérienne. Cette découverte a remis en question les méthodes médicales et fait prendre conscience à la population qu’il fallait transformer la médecine.
« Nous voulons obtenir des résultats positifs substantiels pour la population de patients avec laquelle nous travaillons. Essentiellement, nous voulons explorer et développer de nouvelles façons de mettre au point des traitements peu coûteux et bénéfiques pour nos patients. Nous sommes sur le point de comprendre le rôle crucial du microbiome sur notre santé globale. »
*Cette vignette a été publiée dans le cadre de la série d’entreprises du programme Garage Propulsion, 2020.