La Semaine internationale de la Femme avec Hana Osborn, Holly Nissen, Janessa Malcolm, Kate Cameron et Sonika Joshi

eHub uOttawa
5 min readMar 9, 2022

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Le projet « C’est réglé » de l’Université d’Ottawa vise à offrir gratuitement sur le campus des produits menstruels écologiques. C’est en constatant la difficulté d’accès à ces produits que le groupe avait décidé de trouver une solution viable pour remédier au problème.

Lutter contre la précarité menstruelle au sein de la communauté universitaire est une question essentielle qui, selon le groupe, a jusqu’ici été négligée. Les échanges avec des personnes animées par cette même vision et ces mêmes ambitions ont donné l’idée de réunir les forces pour braver les tabous, et mettre en lumière l’importance de fournir des produits hygiéniques gratuits sur le campus.

En associant avec Aunt Flow, une marque de produits hygiéniques durables dirigée par des femmes, le projet avait pris conscience de leur capacité à changer la donne dans nos communautés. Résilience, engagement et éducation : voici en résumé les piliers sur lesquels repose notre projet.

La pandémie a fait naître de nouveaux défis, et beaucoup d’organismes ont dû faire preuve de résilience pour se maintenir à flot. Comment s’est manifestée cette résilience chez vous? Qu’avez-vous fait pour survivre — et réussir?

C’est à vrai dire en pleine pandémie que nous avons débuté le projet, notre préoccupation majeure étant alors de pouvoir évaluer de manière efficace les défis et enjeux auxquels on fait face lorsqu’on a ses règles sur le campus. Par chance, nous vivons à l’ère des médias sociaux, ce qui nous a beaucoup servi! Nous avons ainsi mené des enquêtes via ces supports, sollicité à froid une multitude de spécialistes externes, organisé des rencontres sur Zoom et, cerise sur le gâteau, ouvert un compte Instagram pour bâtir une communauté autour de cette initiative.

L’entrepreneuriat est déjà un défi en soi, alors être une femme entrepreneure est un double défi! Avez-vous fait face à des obstacles supplémentaires en raison de ce statut? Si oui, comment les avez-vous surmontés?

Bien souvent, lorsque les femmes — ou d’autres groupes sociaux marginalisés — prennent la parole pour défendre leurs droits fondamentaux, on les ignore, attendant que leur situation devienne insupportable pour réagir. Alors oui, quand nous avons pris la décision de donner une vie à ce projet hors du cadre scolaire, nous avons appréhendé la réaction de notre Faculté, qui nous a d’ailleurs annoncé que les produits hygiéniques à disposition du public avaient été retirés parce que ce n’était pas une priorité budgétaire pour l’Université. Ça peut sembler ridicule, mais il nous a fallu mettre sur pied un projet assez convaincant pour que l’administration nous prenne au sérieux : nous avons dû la convaincre que la gratuité et un accès facilité aux produits menstruels étaient essentiels pour la santé et le soutien de la population étudiante.

Nous avons finalement réussi, grâce au soutien de la communauté formée et à la mobilisation d’autres groupes et de spécialistes externes ciblés pour leur intérêt potentiel, lequel était effectivement au rendez-vous! En fait, nous avons réalisé que le Centre de ressources des femmes poursuivait depuis des années le même objectif que nous, ce que nous n’aurions jamais su si nous n’avions pas entrepris cet effort de communication!

Nous avons fini par nouer des partenariats avec le CRF, le Syndicat étudiant et le Bureau du développement durable, élargissant notre réseau et notre accès à des ressources communes. Grâce à l’alliance de ces différentes expertises, nous avons pu rencontrer l’administration de l’Université et lancer ce projet pilote. Et même si nous avons dû faire quelques compromis, nous voyons déjà les fruits de notre initiative, qui ne fait que commencer.

Est-ce que quelqu’un vous a motivées à vous diriger vers l’entrepreneuriat? Par la suite, quelle a été votre source d’inspiration pour créer votre entreprise?

Notre première source d’inspiration a été notre vécu, à savoir notre propre difficulté d’accéder à des produits menstruels sur le campus. Notre enquête initiale nous a également permis de recueillir des témoignages directs des membres de la population étudiante sur cette question : nombre d’avis reçus mentionnaient ce même besoin pour des produits menstruels impossibles à trouver, et évoquaient les stratagèmes déployés pour compenser. Ces plaintes nous ont servi de point de départ, nous encourageant à aller plus loin.

Notre déclic, nous l’avons eu en constatant que le seul lieu du campus où l’on pouvait s’en procurer — une pharmacie — était éloigné et peu connu. Nous avons donc pensé tout d’abord à installer des distributrices qui soient agréables sur le plan esthétique, et qui proposent une diversité de produits menstruels à usage unique ou réutilisables, mais le budget et le travail nécessaire à leur entretien nous ont fait changer d’avis, d’autant plus que le côté peu intime de la chose aurait pu rebuter certaines personnes.

C’est ce qui nous a menées à l’idée toute simple de distributeurs installés dans les toilettes.

Nous adorons voir une forte représentation de femmes leaders dans la communauté entrepreneuriale. Qu’aimeriez-vous dire à la prochaine génération de femmes qui aspirent à l’entrepreneuriat?

Ça va vous paraître évident, mais il suffit de se lancer! Lorsqu’une idée germe, il s’agit de l’approfondir, de faire des recherches, d’examiner les ressources à disposition et d’aller de l’avant. Et surtout, en parler autour de soi!

S’entourer de personnes ou d’organisations qui travaillent sur la question est un véritable atout : il faut aller vers elles. Après tout, quelqu’un y a peut-être déjà pensé, ou a un bon conseil à offrir pour faire progresser l’idée de départ. Que le projet prenne ou non importe peu… Comme dirait Rodin, « Rien n’est une perte de temps si vous utilisez l’expérience sagement. » Notre plus grossière erreur serait plutôt de rester les bras ballants.

Sans essais ni erreurs, le monde n’avancerait pas bien vite en effet : ne rien faire et se taire n’a jamais aidé qui que ce soit. Et qui sait, le simple fait d’essayer pourrait bien en inspirer d’autres!

*Cette vignette a été publiée dans le cadre de la Semaine internationale de la femme 2022.

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