La Semaine internationale de la femme avec Heather Desjardins
Heather Desjardins a commencé sa carrière comme éducatrice spécialisée. C’est là qu’elle a compris à quel point il fallait mieux informer les élèves et les familles sur les troubles d’apprentissage et leur donner accès à des mesures d’aide efficaces. Elle a donc décidé de s’investir dans cette mission; elle a quitté un poste stable en enseignement pour lancer un service de soutien scolaire appelé The Open Door. L’équipe comprend plus de 50 éducatrices et éducateurs formés pour appuyer les élèves et les familles qui vivent des difficultés causées par des troubles d’apprentissage connus ou soupçonnés ‒ les services sont offerts en personne ou en ligne, sur trois continents.
En démarrant The Open Door, la pédagogue s’est aussi découvert une deuxième passion : l’entrepreneuriat. Elle adore apprendre et trouver des façons d’innover et d’améliorer son entreprise. The Open Door, qui compte maintenant huit ans d’existence, lui a valu le prix Bootstrap 2019 dans la catégorie fondateur ou fondatrice de l’année, une nomination au palmarès Forty under 40, et plus récemment, le prix du Women’s Business Network dans la catégorie femme d’affaires de l’année.
La pandémie a fait naître de nouveaux défis, et beaucoup d’entreprises ont dû faire preuve de résilience pour se maintenir à flot. Comment s’est manifestée cette résilience chez vous? Qu’avez-vous fait pour survivre — et réussir?
Nous avons eu de la chance, car nous offrions déjà du tutorat en ligne avant la pandémie; nous avons quand même dû déployer de grands efforts pour mettre tout notre personnel et nos programmes en mode virtuel. Nous avons donné des formations en continu pour que chaque tutrice et tuteur reçoive un enseignement personnalisé pour lui permettre de proposer un service 100 % en ligne sans interrompre les séances avec les élèves dans la mesure du possible. Nous avons dû trouver des façons différentes d’accomplir de nombreuses tâches, dont l’embauche de personnel et la formation. Je me réjouis de l’esprit d’innovation de mon équipe et de sa capacité à s’adapter aux besoins changeants de nos activités et de nos élèves.
L’entrepreneuriat, c’est un défi, et être une femme entrepreneure, c’est un autre défi en soi. Avez-vous fait face à des obstacles supplémentaires parce que vous êtes une femme en entrepreneuriat? Si oui, comment les avez-vous surmontés?
Trois mois après avoir quitté mon poste d’enseignante pour créer mon entreprise, j’ai su que j’attendais mon premier enfant. Il a été très difficile de déterminer comment me lancer en affaires tout en vivant une grossesse, puis les premiers moments avec un nouveau-né et toutes les étapes qui suivent.
Par ailleurs, malgré le fait que la société a évolué, l’idée que la femme devrait être celle qui s’occupe principalement de la famille persiste toujours. Un homme qui travaille de longues heures est admiré, mais si une femme fait la même chose, force est de constater que certaines personnes se demandent si sa réussite en affaires ne se fait pas au détriment de son rôle de mère, ou de conjointe, ou de tout autre rôle qu’on s’attendrait à la voir jouer en priorité.
J’ai pris du temps à comprendre que la solution à ce problème (que vous soyez un père ou une mère) est de trouver l’équilibre qui permet de se consacrer entièrement à chaque tâche. Si vous êtes au travail, il ne faut pas penser aux courses que vous avez à faire. Si vous passez du temps en famille, bloquez toute distraction provenant du travail et profitez pleinement du moment. Donc, peu importe où vous choisissez d’être, vous aurez du temps de grande qualité.
Est-ce que quelqu’un vous a motivée à vous diriger vers l’entrepreneuriat? Par la suite, quelle a été votre source d’inspiration pour créer votre entreprise?
J’ai eu l’idée de lancer mon entreprise en constatant qu’un besoin criant n’était pas comblé. J’ai vu énormément d’enfants glisser entre les mailles de notre système d’éducation à cause du manque de connaissances des différences en ce qui a trait aux besoins d’apprentissage, tant pour détecter ces différences que pour offrir un soutien efficace. En quittant mon emploi, j’ai fait le grand saut pour tenter de remédier à ce problème.
Depuis le lancement de l’entreprise, j’ai saisi toutes les occasions d’apprendre des gens qui m’entourent. Je suis impressionnée de voir la combinaison de persévérance, de capacité d’adaptation et de créativité qui anime tant d’entrepreneures et d’entrepreneurs. Mais ce qui m’inspire le plus, ce sont ceux et celles qui veulent aider les autres, que ce soit en donnant de leur temps pour faire du mentorat, en étant bénévoles pour faire avancer une cause qui leur tient à cœur ou en créant des initiatives pour redonner à la communauté.
Nous adorons voir une forte représentation de femmes leaders dans la communauté entrepreneuriale. Qu’aimeriez-vous dire à la prochaine génération de femmes qui aspirent à l’entrepreneuriat?
Si j’avais un conseil à donner, je vous dirais de vous assurer de bien comprendre le « pourquoi » de votre démarche. Pourquoi voulez-vous vous lancer en affaires? Non seulement cette raison est source de grande motivation dans les moments plus difficiles (il y en a toujours), mais elle aide à maintenir le cap lorsqu’on s’éloigne involontairement de ce que l’on veut accomplir. C’est une chose de changer de direction en toute connaissance de cause si vous avez de nouvelles raisons d’être en affaires, mais s’en est une autre de s’écarter de son chemin et de se laisser distraire par des projets qui ne correspondent pas à vos objectifs.
*Cette vignette a été publiée dans le cadre de la Semaine internationale de la femme 2022.