La Semaine internationale de la fxmme avec Dominique Lacroix
Je m’appelle Dominique Lacroix, j’ai 28 ans et j’ai grandi à Timmins, en Ontario. J’ai déménagé à Ottawa à la suite de mon secondaire pour entreprendre des études supérieures dans le but de devenir enseignante. J’enseigne actuellement le français dans un programme d’immersion de 7e et 8e année. Ma langue maternelle est le français, mais je suis parfaitement bilingue, et je souhaite de tout cœur aider mes élèves à le devenir eux aussi.
J’occupe actuellement le poste d’enseignante au cycle intermédiaire et responsable de programme à la St. Paul High School.
Je suis diplômée de l’Université d’Ottawa : après avoir obtenu un baccalauréat spécialisé approfondi en lettres françaises, j’ai fait partie de la Faculté d’éducation en tant qu’étudiante au programme concurrent de formation à l’enseignement, que j’ai terminé en 2015.
Dans la dernière année, la pandémie a chamboulé nos vies personnelles et professionnelles. Afin de surmonter le chaos, nous avons dû intégrer l’agilité à notre ADN collectif. En quoi la crise actuelle a-t-elle affecté votre travail?
Tout le corps enseignant a sans contredit été obligé de faire preuve d’une grande capacité d’adaptation; mes collègues et moi avons dû complètement changer nos méthodes d’enseignement en mars 2020. Du jour au lendemain, nous devions assister à des réunions virtuelles et enseigner à nos élèves en ligne, même si certains n’avaient pas d’équipement adéquat ou une bonne connexion Internet. Tout un défi!
En septembre 2020, au moment de reprendre les cours en présentiel, il a fallu à nouveau faire preuve d’agilité pour composer avec toutes les nouvelles exigences liées à la COVID-19, comme le port d’un masque et le maintien d’une distance suffisante entre les élèves en classe, à la cafétéria et même à l’extérieur pendant la récréation. Cependant, nous avons veillé en tout temps à ce que nos élèves sachent qu’il est normal de ne pas se sentir comme d’habitude dans un contexte aussi particulier, et qu’ils peuvent obtenir de l’aide au besoin. Certes, ce travail a nécessité de la résilience et de l’ouverture d’esprit, mais je pense que les enseignants et les enseignantes ont fait un travail formidable en s’adaptant avec professionnalisme aux changements constants.
L’incertitude engendrée par la pandémie nous force à l’adaptation, à l’ingéniosité et à la gentillesse. Pouvez-vous décrire une nouvelle méthode, une nouvelle entreprise, un nouveau projet ou un nouveau processus que vous avez lancé ou créé pour vous adapter à cette nouvelle réalité?
J’ai en effet mis sur pied cette année un nouveau projet intitulé le « Calendrier de la gentillesse ». Mes élèves devaient réaliser une panoplie d’activités entourant les notions de gentillesse envers soi-même, envers ses pairs et envers l’environnement. Nous avons notamment nettoyé la cour, planté des tulipes devant l’école et envoyé des cartes de Noël aux Forces armées canadiennes. Nous avons aussi créé des affiches arborant des messages positifs, que nous avons installées dans les corridors de l’école, et nous avons envoyé des cartes de remerciements aux concierges et au personnel de l’administration, qu’on ne remercie pas assez souvent pour tout leur travail. À mon avis, il est essentiel et prioritaire d’être gentil dans les moments de stress et d’anxiété, et il faut reconnaître que les élèves ressentent tout autant de stress que les adultes. J’estime que ces activités sont une occasion pour les élèves de répandre de la gentillesse et du positif autour d’eux.
En plus d’améliorer votre agilité, avez-vous découvert (ou développé) de qualités ou compétences entrepreneuriales dont vous ignoriez l’existence?
J’ai assurément découvert que je peux m’adapter et persévérer dans les situations difficiles. Je n’aime pas le changement — j’aime la routine, et j’essaie de ne pas y déroger autant que possible! Mais face à une pandémie pleine de surprises, il m’a été utile d’apprendre à encaisser les coups et à ne pas me laisser envahir par le stress.
Je crois, par ailleurs, avoir amélioré mon leadership. J’ai rapidement compris que mes élèves allaient observer de près ma façon de réagir aux événements, et que ma réaction pouvait fortement influencer leur point de vue. C’est pourquoi j’ai renforcé mon aptitude à voir le verre à moitié plein et à toujours garder espoir malgré l’incertitude.
Les 12 derniers mois ont réellement mis à l’épreuve notre capacité à réagir et à nous adapter aux situations stressantes et complexes. Malgré ces temps difficiles, nous avons été témoins de grands gestes de générosité, d’innovation, de bravoure, de bonté et d’unité. Pouvez-vous penser à un aspect de la pandémie qui vous a amenée à ressentir de la reconnaissance?
Je suis reconnaissante envers toutes les personnes qui travaillent en première ligne ou en coulisses pour lutter contre la pandémie et s’assurer de notre sécurité à tous. Naturellement, je pense en premier lieu au personnel de la santé, qui doit être épuisé et surmené par les longues heures de travail mené auprès de plusieurs patients à la fois. Je pense aussi aux héros de l’ombre, comme les camionneurs et les camionneuses chargés d’approvisionner les rayons des épiceries, ou encore les propriétaires de petites entreprises qui ont fait preuve de créativité et de résilience dans des conditions de stress extrême. Ces personnes méritent elles aussi d’être remerciées. Enfin, je suis reconnaissante envers ceux et celles qui portent leur masque et qui font tout pour respecter les mesures à suivre en dépit de leurs convictions. La pandémie a certainement exigé un effort d’équipe, et je pense que beaucoup d’entre nous ont démontré de la solidarité.
Nous savons qu’il est important, devant le chaos et l’incertitude, de prendre du recul pour réfléchir et remettre les choses en perspective. Si vous pouviez donner un seul conseil à la personne que vous étiez avant la pandémie, quel serait-il?
Je pense que les femmes sont promptes à se montrer dures envers elles-mêmes, quelle que soit la situation, mais tout particulièrement face à une pandémie, car elles tendent à trop réfléchir à leurs relations, à leur carrière et à leurs décisions de tous les jours. Donc, le conseil que je me serais donné avant la pandémie est le suivant : « Tu es sur le point de vivre quelque chose qui va chambarder ta vie et celle de ton entourage, mais ne panique pas. Reste calme et essaie de prendre les choses une journée à la fois. »
* Cette vignette a été publiée dans le cadre de la Semaine internationale de la femme, 2021.