La Semaine internationale de la fxmme avec Yanaminah Thullah
Je me passionne pour l’autodétermination et le développement communautaire des populations marginalisées, surtout lorsque ça concerne la communauté noire. Je m’implique activement dans la cause de la justice sociale sur le campus et à l’extérieur, notamment à titre de coprésidente de l’Association des leaders étudiants noirs. J’aspire à faire carrière en diplomatie, à travailler pour une organisation sans but lucratif et à œuvrer au développement international dans mon pays natal.
Dans la dernière année, la pandémie a chamboulé nos vies personnelles et professionnelles. Afin de nous surmonter le chaos, nous avons dû intégrer l’agilité à notre ADN collectif. En quoi la crise actuelle a-t-elle affecté votre travail?
J’ai l’impression que cette qualité faisait déjà partie de moi puisque je dois régulièrement m’adapter à différents environnements en tant que femme noire. La pandémie a certainement exacerbé le chaos qui existait déjà dans plusieurs espaces professionnels, ce qui malheureusement affecte toujours la dimension personnelle. Il est difficile de dissocier les deux aspects lorsque notre travail (ou notre lieu de travail) est directement influencé par les facteurs multidimensionnels de notre identité. Mes interventions au sein de la communauté se sont multipliées à mesure que les mouvements en faveur de l’égalité des personnes noires prenaient de l’ampleur à l’été 2020. J’ai dû faire preuve de beaucoup de patience et d’adaptation, mais aussi établir de nombreuses limites.
L’incertitude engendrée par la pandémie nous force à l’adaptation, à l’ingéniosité et à la gentillesse. Pouvez-vous décrire une nouvelle méthode, une nouvelle entreprise, un nouveau projet ou un nouveau processus que vous avez lancé ou créé pour vous adapter à cette nouvelle réalité?
Avec l’aide de ma famille, j’ai créé et lancé à l’été 2020 une nouvelle entreprise appelée Yamaso. Yamaso est une marque exploitée par des personnes noires, née de notre désir et de notre devoir de redonner à notre communauté. Nous voulons, par les vêtements, valoriser nos entreprises, nos idées, nos voix et nos innovations au sein de notre diaspora et de notre mère patrie. Au plus fort de cette pandémie, nous avons commencé à fabriquer, à la main, des masques pour les travailleurs de la santé libériens et les autres travailleurs essentiels de ce pays.
Depuis, nous avons élargi notre éventail de produits et vendu des centaines de masques à des travailleurs essentiels, des manifestants et des clients de partout au Canada. Une partie de nos recettes a été versée à différentes collectes de fonds GoFundMe, ainsi qu’à des fonds d’entraide et à des organisations noires nord-américaines. Il ne s’agit pas d’un moment, mais d’un mouvement. Et nous savons que même si les choses reprennent leur cours normal, toutes les vies noires comptent (#BlackLivesMatter). Nous sommes actuellement en pause, mais nous travaillons sur notre site Web et sur d’autres projets entourant la marque. D’ici là, nous vous invitons à nous suivre sur Instagram (@yamaso_co) et sur Facebook (@yamasoco).
En plus d’améliorer votre agilité, avez-vous découvert (ou développé) de nouvelles qualités ou compétences entrepreneuriales dont vous ignoriez l’existence?
La gestion de l’entreprise familiale, Yamaso, ainsi que le programme menant au Certificat en esprit entrepreneurial que j’ai suivi m’ont certainement permis de découvrir et de développer de nouvelles compétences entrepreneuriales, notamment en ce qui a trait au marketing, à la créativité et à la gestion des ventes.
Les 12 derniers mois ont réellement mis à l’épreuve notre capacité à réagir et à nous adapter aux situations stressantes et complexes. Malgré ces temps difficiles, nous avons été témoins de grands gestes de générosité, d’innovation, de bravoure, de bonté et d’unité. Pouvez-vous penser à un aspect de la pandémie qui vous a amenée à ressentir de la reconnaissance?
Je suis reconnaissante envers mon réseau et ma communauté pour tout l’appui qu’ils m’ont accordé dans le cadre du projet Yamaso, et dans toutes les causes que je soutiens activement. J’ai été agréablement surprise de l’aide reçue; ça a donné un élan supplémentaire à mon travail.
Nous savons qu’il est important, devant le chaos et l’incertitude, de prendre du recul pour réfléchir et remettre les choses en perspective. Si vous pouviez donner un seul conseil à la personne que vous étiez avant la pandémie, quel serait-il?
Je me réciterais ces paroles de Morgan Harper Nichols, qui m’ont aidé jusqu’ici à traverser la crise : « Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais je sais que l’on va en ressortir grandis. Nul besoin de tout comprendre pour s’accorder le droit d’être en paix. »
* Cette vignette a été publiée dans le cadre de la Semaine internationale de la femme, 2021.