Les réalités de l’entrepreneuriat avec Lana Cromwell

eHub uOttawa
6 min readFeb 24, 2022

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Lana Cromwell, Instructrice au Malcolm X Collège municipal de Chicago

Entrepreneure en éducation, Lana Cromwell est une figure respectée dans son domaine. Cette Néo-Écossaise d’origine a obtenu son baccalauréat en éducation de l’Université Mount Saint Vincent, avant de se spécialiser en enseignement de l’anglais langue seconde (ESL) à l’Université d’Ottawa. Elle a également obtenu une maîtrise en éducation à Chicago State University.

En plus de 30 ans de carrière dans le domaine de l’enseignement en général et de la formation en anglais langue seconde au Canada et aux États-Unis, elle a acquis une riche expérience à tous les niveaux, de la prématernelle à l’université.

Celle qui a essentiellement travaillé auprès d’élèves de diverses origines et de milieux socioéconomiques défavorisés dans le territoire du conseil scolaire de district d’Ottawa-Carleton et celui de l’Atlanta-Fulton County School Board, à Atlanta, en Géorgie s’est toujours efforcée de créer en classe un milieu bienveillant, équitable et antiraciste, où les élèves se sentent comme dans une grande famille.

Lana Cromwell enseigne maintenant au Malcolm X City College de Chicago, en plus d’offrir partout aux États-Unis des formations sur les technologies d’aide à la lecture à l’intention du personnel administratif et enseignant. Membre fondatrice de nombreux comités, elle vient de terminer un mandat de trois ans à la présidence de la commission de l’enseignement supérieur de la National Alliance of Black School Educators. Lana donne régulièrement des conférences dans ses champs d’expertise, l’apprentissage socioémotionnel et la lutte contre le racisme, devant des étudiantes et étudiants en enseignement.

Que signifie pour vous l’entrepreneuriat?

L’entrepreneuriat, pour moi, c’est d’abord croire en soi et en une idée qu’on juge nécessaire ou dans l’intérêt commun. Peu importe qu’on propose une nouvelle façon de faire ou quelque chose de complètement inédit, quand on se lance dans l’aventure, il faut croire en la valeur de son projet.

Qu’ajoute à votre vie votre esprit entrepreneurial?

Mon esprit d’entreprise est alimenté par mes nombreuses années d’expérience en éducation, et par le désir d’apprendre qui m’anime depuis toujours. C’est ce qui me pousse à mentorer depuis des années des collègues chevronnés comme des novices. Or, durant la pandémie, j’ai dû à mon tour me former et développer rapidement les compétences technologiques nécessaires pour soutenir mes élèves et mes collègues dans le contexte de l’enseignement à distance. Ma plus grande passion, c’est d’accompagner des personnes qui débutent dans l’enseignement. Je leur fais profiter de mes années d’expérience et je leur apprends ma méthode personnelle pour créer une atmosphère familiale dans leur classe. Je suis d’ailleurs en train d’écrire un livre sur mon style d’enseignement bien particulier, qui s’applique à tous les niveaux de scolarité et qui a passé l’épreuve du temps.

Je suis également active dans la promotion de l’éducation auprès de parents qui ne maîtrisent pas bien le processus pédagogique. Ça peut sembler simple, et pourtant, ce n’est pas une mince tâche. Forte de mon expertise, j’aide ces parents à soutenir l’apprentissage de leur enfant, à comprendre les mécanismes scolaires de façon concrète, et enfin, à former une véritable équipe avec leur enfant et le personnel enseignant.

D’après vous, que devraient faire les gens d’affaires et les leaders pour stimuler le changement social?

La représentation au sein de la société est déterminante pour l’image de soi et la capacité d’évoluer dans notre monde. Il est d’autant plus important pour les jeunes de couleur de se voir reflétés dans toutes les sphères de la vie. Les gens d’affaires et les leaders détiennent les clés de l’économie et décident des embauches, mais déterminent aussi qui aura de la visibilité et quelles voix seront entendues. Ces personnes ont la responsabilité de favoriser le changement, de donner des chances égales à toutes et à tous et de faire éclater les stéréotypes et les barrières débilitantes.

Que signifie le Mois de l’histoire des Noirs pour vous?

C’est l’occasion de rendre hommage à toutes les personnes d’ascendance africaine dont la contribution à notre monde a été, au mieux, minimisée, sinon effacée des livres d’histoire. C’est le moment de braquer les projecteurs sur elles, de reconnaître leurs réalisations dans tous les domaines, comme la médecine (Dr Charles Drew), l’éducation (W. E. Dubois) ou la politique (Shirley Chisholm), sans oublier toutes les inventions qui font partie de nos vies et que l’on doit à des personnes noires : le godet graisseur, la planche à repasser, les feux de circulation, les camions réfrigérés, et j’en passe. Au début des années 1990, alors que je démarrais ma carrière, j’ai été choisie pour former l’équipe pédagogique dans le cadre de l’initiative antiracisme de l’ancien conseil scolaire d’Ottawa, qui visait à intégrer l’histoire des Noirs dans les formations et les ateliers. Depuis, je crée mon propre matériel pour l’enseigner à tous les niveaux scolaires, de la prématernelle à l’université, en l’intégrant à toutes les matières. Je rêve de voir un jour toutes les grandes personnalités noires occuper la place qui leur revient dans les livres d’histoire et dans les programmes scolaires. Cela dit, je pense que nous devons continuer de célébrer leur mémoire en février de chaque année.

Si, à mon époque, on nous avait enseigné à l’école le rôle important des personnes noires dans notre histoire au lieu du récit non inclusif qui était au programme, ça aurait changé beaucoup de choses pour les élèves d’ascendance africaine — pour tous les élèves, en fait.

Jackson Couse, ancien élève de Lana Cromwell, témoigne de l’influence qu’elle a eue sur sa façon de voir les choses, et de l’importance du Mois de l’histoire des Noirs à ses yeux.

*Cette citation était à l’origine en anglais mais a été traduite pour cet article en français.

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par Jackson Couse
Mois de l’histoire des Noirs par Jackson

J’adore février. Oh, c’est froid et dur, mais février est aussi le mois de l’histoire des Noirs ! Vous pouvez dire ce que vous voulez sur la validité ou la nécessité d’un mois consacré à l’histoire d’un certain peuple, mais j’aime vraiment le Mois de l’histoire des Noirs.

Il m’a fallu beaucoup de temps pour apprendre à lire. Au début de la deuxième année, je n’arrivais toujours pas à comprendre les mots. Heureusement, ma mauvaise lecture a été remarquée. J’ai eu la double chance d’aller dans une école où un spécialiste était disponible. J’ai suivi des cours de rattrapage en lecture tout au long de la deuxième et de la troisième année.

Ce n’est qu’en troisième année, dans la classe de Mme Cromwell, que la lecture a pris son envol pour moi. Mme Cromwell était une jeune femme noire de la Nouvelle-Écosse. Elle était, et reste, une enseignante fantastique. Avec elle, j’ai appris à aimer la lecture. Elle a fait de la lecture, et le Mois de l’histoire des Noirs, une affaire très importante. Les deux étaient si intimement liés et si passionnants qu’on ne pouvait s’empêcher de se passionner pour l’apprentissage. Elle n’a pas ménagé ses efforts pour préparer le mois de février. Il y a eu un spectacle de talents, des invités spéciaux, des films et de la nourriture. Il y avait quelque chose de nouveau chaque jour, et beaucoup de ces activités impliquaient des livres. L’émancipation de l’esclavage et l’émancipation de l’analphabétisme sont des idées fondamentalement liées. Mme Cromwell avait une façon remarquable d’expliquer les deux à des enfants de 8 ans. J’ai une grande dette envers son enseignement talentueux et bienveillant.

Je suis allé dans une école très hétérogène. Tout le monde était de partout. Je faisais partie des quatre seuls enfants de ma classe qui étaient nés au Canada et qui étaient blancs. C’était un endroit difficile pour s’accrocher à son identité et à son lien avec l’histoire. Dans la classe de Mme Cromwell, le multiculturalisme signifiait plus que le maintien d’enclaves sociales disparates et distinctes. Le multiculturalisme signifiait entrelacer les histoires. Pour Mme Cromwell, et le reste de ma classe, vivre ensemble signifiait une histoire riche et partagée. Grâce à elle, l’histoire des Noirs est mon histoire. Le Mois de l’histoire des Noirs de Mme Cromwell disait avec force “il y a de la place pour vous, votre histoire est importante aussi”. Il n’était pas nécessaire d’être noir pour profiter des avantages du Mois de l’histoire des Noirs. Partager l’histoire noire était une expérience puissamment contraignante.

Donc, en l’honneur de Mme Cromwell, je vais célébrer le mois de l’histoire des noirs ce mois-ci. Et pour votre éducation, une chanson. Cette performance de Nina Simone me donne des frissons. Profitez-en !

*Cet article a été publié dans le cadre de la campagne Les réalités de l’entrepreneuriat de 2021–2022.

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